« Monsieur le Président,

Monsieur le Vice-Président,

Mes chers collègues,

Je suis intervenu le mois dernier lors du débat d’orientations budgétaires : mes propositions ont été un peu caricaturées, c’est bien dommage car elles visaient à discuter de la meilleure stratégie à adopter pour remplir les objectifs fixés que nous pouvons partager.

Je vous ai invité en particulier à anticiper les besoins de financement afin de les négocier au mieux. En effet, comme nous connaissons d’ores et déjà les emprunts d’équilibre nécessaires a minima les prochaines années pour répondre à notre programmation d’investissement, puisque le capital restant dû sera à rembourser demain ou après-demain, autant le faire demain si c’est moins couteux qu’après-demain. Je reste convaincu que les investissements programmés devraient être accélérés.

Prenons le plan collège nouvelles générations prévu initialement pour 2012-2018 lorsque vous l’aviez – Monsieur le Président – porté à cette époque comme vice-président délégué aux collèges, ce plan a pris du retard puisqu’il ne sera même pas fini à la fin du mandat en 2021, certains travaux ne seront même pas lancés. L’activité promise n’est pas au rendez-vous, en tout cas en volume.

Vous avez dépensé moins de 20 millions d’euros chacune des premières années de ce mandat pour les collèges, ce qui, à ce rythme, nous amènerait à finir le plan collège en 2030. Ce qui compte, ce ne sont pas les budgets qui sont affichés mais bel et bien les dépenses qui sont réalisées. Fin 2019, nous n’aurons pas réalisé la moitié du plan collège nouvelle génération.

Certes les investissements augmentent pour les collèges en 2019 avec 32 millions de crédits en investissement mais ce n’est pas suffisant pour tenir les délais annoncés. Et ces investissements retardés de facto vont nécessiter des emprunts plus importants les deux derniers budgets du mandat que les 53,2M€ prévus à ce jour pour l’équilibre du budget 2019. Or, les taux d’intérêt risquent d’augmenter. Ecoutez-nous, nous souhaitons vous aider à tenir les délais annoncés, et ce dans les meilleures conditions pour nos finances.

En investissant davantage dans nos bâtiments, dans nos routes et nos ouvrages d’art, on relancerait l’activité et ainsi l’emploi local.

Il y a deux vecteurs : l’investissement direct, et l’investissement indirect en soutenant par exemple les communes. Or ce levier de l’investissement a été limité suite à la réduction en volume depuis 2015 des dispositifs de soutien (avec la fin regrettée de la dotation communale d’investissement, et des dotations aux communes fragiles bien réduites). C’est un choix que vous avez fait. Vous me répondrez surement que c’est mieux que rien car il y aurait pu ne plus rien avoir. Dommage car j’estime que nous aurions pu se donner les moyens d’utiliser davantage ce levier.

Pour investir, il faut en avoir la capacité, il faut surtout s’en donner la capacité. Et c’est là où ça pêche.

Vous ne faites pas le choix de faire des économies de fonctionnement, contrairement à d’autres départements. Se réjouir de la maîtrise de la fiscalité et de la maîtrise de l’endettement n’est pas suffisant quand on connaît la perte progressive d’autonomie financière de notre collectivité car l’Etat nous demande de supporter des charges croissantes qu’il ne compense pas. Vous avez dit lors de votre propos inaugural avoir fait des efforts, j’ai hâte de les connaître.

Je suis persuadé que nous devrions mener un audit afin d’identifier des économies intelligentes de fonctionnement pour conserver une marge d’autofinancement.

La situation des finances de notre département que vous évoquez depuis des années et la perspective malheureuse d’une perte de l’autonomie fiscale exigeraient une autre approche que celle que vous nous proposez, une approche courageuse afin de s’assurer que chaque euro dépensé par le conseil départemental soit un euro utile aux Meurthe-et-Mosellans. Faisons par exemple le bilan de la territorialisation.

Il s’agit non seulement d’arrêter de raboter des services pour nos territoires comme le déneigement de nos routes départementales en territoires peu denses, mais aussi de pouvoir de nouveau porter des ambitions à la hauteur des défis qui se présentent à nous. Je pense en particulier à la pérennité du patrimoine départemental, bâti et routier, à l’insertion ou à l’autonomie des personnes âgées.

Vous ne faites pas rien mais nous pourrions faire davantage. Dommage que vous ne vous en donnez pas les moyens. Je vous invite à prendre un autre chemin, celui d’un département qui investit, celui d’un département qui œuvre pour son avenir. C’est aussi le meilleur chemin pour pérenniser des services publics départementaux essentiels pour la vie quotidienne des meurthe-et-mosellans.

Monsieur le Président, mes chers collègues, ce budget 2019 n’est pas à la hauteur des défis que nous devons relever ensemble. »