Intervention de Thibault BAZIN au sujet de la motion déposée par le Front de Gauche pour l’arrêt des poursuites contre les « 8 Goodyear » – session du Conseil Départemental du 03-02-2016 :

« La motion déposée par le groupe du Front de Gauche nous oblige à commenter une décision de justice. Etant respectueux du principe d’une justice indépendante, notre collectivité ne devrait pas se prononcer à ce sujet.

Cela étant dit, nous ne pouvons aujourd’hui que regretter la fermeture de l’usine Goodyear d’Amiens en 2014. Nous pouvons surtout regretter l’échec des démarches pour une éventuelle reprise avec la sauvegarde – certes partielle mais réelle – d’emplois. Notre pensée va aux nombreux salariés qui y ont perdu un emploi.

Les difficultés économiques sur notre propre territoire nous invitent à de la solidarité. Dans le Lunévillois, on dénombre près de 150 emplois disparus en 1 an à la suite des liquidations judiciaires. Le problème est bien national. Il s’agit de l’échec de la politique économique menée par le gouvernement. Il est urgent d’agir pour sauver les emplois de nos dernières usines.

La motion présentée ici n’aurait pas existé si l’usine avait prospéré. Le groupe du front de gauche appelle à l’arrêt des poursuites contre les « 8 de Goodyear », menées non plus par les cadres de l’entreprise mais par le parquet. Ces 8 ont écopé d’une peine de 9 mois de prison ferme, après avoir séquestré pendant 30 heures deux cadres dirigeants de cette usine. Vous oubliez de mentionner que deux d’entre eux ont aussi été reconnus coupables de violences en réunion sans que cela n’ait entrainé un durcissement des peines.

Le groupe du front de gauche parle d’une criminalisation de l’action syndicale. Vous admettrez que l’action syndicale ne peut se résumer à de la séquestration. Comme l’a dit le Premier Ministre, « le combat syndical est toujours respectable, le respect des personnes est un autre principe fondamental ». La peine semble lourde – nous l’admettons bien volontiers – et aurait pu être moindre au moins pour 6 d’entre eux. Pour autant, ne pas condamner la violence – telle que celle d’Air France – aurait été une invitation à la violence comme forme d’action syndicale.

D’autres formes d’actions syndicales ont permis ailleurs de construire des solutions de reprise dans le dialogue.

C’est pourquoi notre groupe s’opposera à cette mention telle qu’elle est libellée. »