« Merci Monsieur le Président,

Monsieur le Préfet,

chers collègues,

chers acteurs de la lutte contre la pauvreté en Meurthe-et-Moselle, que je tiens à mon tour à remercier pour leurs actions,

Tout d’abord cette mobilisation et ces présentations sont les bienvenues. Des témoignages nous ont marqué, nous ne pouvons pas y rester insensibles.

Nous partageons tous la volonté de lutter contre la pauvreté de Meurthe-et-Moselle. L’objectif étant partagé, les questions essentielles sont celles du comment, par qui et avec quels moyens. Il faut ce débat. Car les résultats des politiques menées jusqu’à présent ne sont pas à la hauteur des ambitions revendiquées ces dernières années.

Face à la pauvreté de tant de Français, il ne faut plus multiplier les mots mais résolument passer aux actes, à des réformes de structure pour créer de la valeur afin de mieux aider ceux en très grande difficulté, à un changement de rapport au travail pour ré-instaurer des cercles vertueux. Et je le consens, cela dépend en grande partie de la politique nationale. Mais pas seulement.

Cette convention d’appui entre l’Etat et le Conseil Départemental s’inscrit dans la stratégie pauvreté co-écrite entre le gouvernement et l’exécutif départemental.

En complément des propos tenus par les intervenants, je souhaite ajouter que la pauvreté se traduit par une précarité non seulement relationnelle mais aussi numérique.

L’isolement est un fléau réel. Nous devrions ouvrir un débat serein sur la mise en place de quelques heures de travail d’intérêt général qui seraient demandées aux bénéficiaires du RSA qui le peuvent afin de rompre avec l’isolement, et restaurer leur dignité.

Le non recours au droit est dommageable. Il faut en effet faciliter l’accès au droit. Mais il faut aussi, par justice sociale, déployer le pendant des droits, je veux parler des devoirs. Une minorité abuse de notre pacte social. C’est pourquoi il faut vraiment mieux contrôler les fraudes aux prestations sociales. Nous avons des progrès à mener en la matière.

La fracture numérique est aussi un frein réel. Si nous voulons vraiment faciliter l’accès aux droits, il faut suspendre l’exigence initiale de passer par Internet pour entrer en contact. Certains n’ont ni outil informatique ni accès internet, ou s’ils l’ont, ne les maîtrisent pas pour accomplir des formalités et des démarches.

Je voudrais aussi évoquer l’éloignement des équipements et des services, qui ne facilite pas la sortie de la pauvreté. J’appelle à un moratoire sur la fermeture des services publics tant qu’un schéma pérenne qui engage l’Etat sur le long terme ne soit pas validé par les territoires. Des vacances de postes sont plus importantes dans des territoires fragiles. Je pense par exemple à la gendarmerie là où les locaux sont précaires, comme à Cirey-sur-Vezouze. Il y a une urgence à investir.

La stratégie pauvreté du gouvernement en marche avec notre département souffre aussi de l’incohérence de politiques publiques. Sur le volet scolaire, les dédoublements de classes en CP sont réservés aux REP et REP +. Pourtant ces zones n’ont pas le monopole des populations fragiles. Ainsi d’autres territoires accueillent une population vivant pour plus de 50% en quartier prioritaire de la ville ou en zone de revitalisation rurale. Les difficultés d’accès aux stages y sont aussi prégnantes. L’insertion se joue dès le collège !

Notre collectivité pourrait aussi mieux aider budgétairement les collèges éloignés des équipements sportifs, comme la piscine, ou culturels. Ce serait une démarche très concrète en finançant le surcoût de la mobilité.

Concernant le volet habitat, il faudrait déployer une politique plus équitable de lutte contre la précarité énergétique. Ainsi j’appelle à la mise en œuvre d’opérations programmées d’amélioration de l’habitat sur tous les EPCI du département. Ce n’est pas le cas aujourd’hui.

La lutte contre la pauvreté sous toutes ses formes appelle des réponses concrètes en n’oubliant aucun territoire, c’est cette vigilance à laquelle je vous invite mes chers collègues. »